En 2025, une analyse menée par Investigate Europe a révélé que les entreprises de cryptomonnaies et de trading en ligne sont devenues des acteurs majeurs dans le sponsoring du football européen, s’affichant désormais sur les maillots de plus d’un tiers des clubs des principales ligues du continent. Ce phénomène transforme le paysage commercial du sport et soulève de nouvelles préoccupations concernant la réglementation, la transparence et la protection des consommateurs.
Dans la Premier League, le rapport indique que 70 % des clubs détiennent des accords de sponsoring avec des plateformes de cryptomonnaies ou de trading. Des partenariats similaires ont été identifiés chez environ 30 % des clubs de la Liga en Espagne, de la Bundesliga en Allemagne et de la Serie A en Italie. Ces accords incluent à la fois des entreprises régulées et non régulées, certaines ayant été précédemment signalées par les autorités financières comme présentant un risque élevé pour les consommateurs. Les analystes soulignent que la visibilité mondiale du football et la connexion émotionnelle avec les supporters en font une plateforme idéale pour les entreprises de crypto en quête de légitimité et de confiance.
Kieran Maguire, expert en finances du football à l’Université de Liverpool, a souligné que ces parrainages présentent des risques réputationnels pour les clubs, notant que « l’investissement dans la crypto et le trading en ligne est aussi volatil que les jeux d’argent ».
Le partenariat de Manchester City avec OKX, une bourse basée aux Seychelles, illustre bien ce problème. Plus tôt en 2025, OKX a été condamné à une amende de plus de 500 millions de dollars aux États-Unis pour des violations de blanchiment d’argent. Bien que non enregistré auprès de la Financial Conduct Authority (FCA) du Royaume-Uni, les produits de l’entreprise restent accessibles aux consommateurs britanniques, sans protection réglementaire.
Le contrat de Newcastle United avec VT Markets, une plateforme de trading australienne, a également attiré l’attention. La FCA, ainsi que les régulateurs en Italie, en Belgique et au Danemark, ont placé VT Markets sur les listes de surveillance pour des opérations sans licence. Néanmoins, l’entreprise continue de faire la publicité de ses services auprès du public britannique.
En Italie, sept clubs de Serie A ont des contrats de sponsoring avec 11 entreprises de crypto et de trading différentes. L’Inter Milan, par exemple, a des accords avec Gate.io et Ultima Markets — cette dernière n’étant pas régulée dans l’UE, mais ciblant tout de même les utilisateurs italiens. Inter soutient que son accord est axé sur l’Asie, bien que la publicité ait également été visible au niveau national.
En Espagne, la collaboration de l’Atlético Madrid avec Hantec Markets, basé à Hong Kong, a suscité des interrogations similaires, l’entreprise opérant également sans licence dans l’UE. D’autres clubs, comme le Sporting CP au Portugal et Leeds United en Angleterre, ont déjà mis fin à des accords liés à la crypto en raison de non-paiement ou de problèmes réglementaires.
Avec les restrictions croissantes des parrainages traditionnels de jeux d’argent à travers l’Europe, les entreprises de crypto et de trading ont comblé le vide, offrant souvent des incitations financières comparables. Selon l’agence de marketing sportif SportQuake, les entreprises de cryptomonnaies ont investi environ 565 millions de dollars dans le sponsoring sportif la saison dernière, le football représentant 59 % de ce montant.
Toutefois, les experts avertissent que beaucoup de supporters manquent des connaissances financières nécessaires pour naviguer dans ces investissements numériques complexes. Le spécialiste du marketing Tim Crow a exhorté les clubs à « mener une diligence raisonnable appropriée », soulignant que les supporters perçoivent les parrainages comme des gages de confiance.
Avec un triplement des dépenses de parrainage par les marques de trading en ligne depuis 2019, atteignant 183 millions de dollars, les régulateurs et les clubs sont sous pression croissante pour s’assurer que ces partenariats ne mettent pas les supporters en danger financier. À l’heure actuelle, aucun club n’a été accusé d’actes répréhensibles, mais le rapport souligne un message clair : à mesure que l’empreinte de la crypto dans le football s’étend, la responsabilité et la réglementation doivent suivre le rythme.

Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.
