Mercredi, la Thaïlande a exécuté l’une des plus grandes répressions contre la cybercriminalité organisée en Asie du Sud-Est. Les autorités thaïlandaises ont frappé de manière spectaculaire, saisissant des actifs d’une valeur de plus de 300 millions de dollars et émettant des mandats d’arrêt pour 42 personnes liées à des réseaux d’escroquerie s’étendant à travers l’Asie du Sud-Est. Dès mardi, au moins 29 d’entre elles avaient déjà été arrêtées. Ces opérations ne sont pas de petites saisies; elles frappent au cœur des activités criminelles. L’ampleur de cette action reflète la détermination des autorités, qui ne se contentent plus d’arrestations de routine. Elles visent des opérations criminelles à grande échelle implantées dans les zones frontalières entre la Thaïlande, le Myanmar et le Cambodge.
Les chiffres ont été confirmés par le commissaire adjoint du Bureau central d’investigation de Thaïlande, Sophon Saraphat. La valeur des actifs saisis a atteint 10,15 milliards de bahts thaïlandais, soit environ 318 millions de dollars américains. L’opération a été menée en collaboration avec le Bureau de lutte contre le blanchiment d’argent de Thaïlande, qui a démantelé certains des réseaux liés à la fraude en ligne, au trafic humain et au blanchiment d’argent. La combinaison de ces crimes révèle un écosystème d’activités criminelles plutôt que des incidents isolés.
Au cœur de l’opération se trouvent trois figures clés: Chen Zhi, un homme d’affaires sino-cambodgien à la tête du groupe Prince, sanctionné par les États-Unis, ainsi que les ressortissants cambodgiens Kok An et Yim Leak. Ces individus ne sont pas de simples opérateurs de bas niveau. Chen est sous intense surveillance de la part des autorités internationales depuis des mois. En octobre, le département de la Justice des États-Unis a poursuivi Chen Zhi pour conspiration de fraude électronique et schémas de blanchiment d’argent, l’accusant de diriger des camps d’escroquerie par travail forcé au Cambodge. Personne ne sait où il se trouve actuellement, et il est difficile de dire si son nom figure parmi les mandats émis par la Thaïlande. Le groupe Prince, auquel il est lié, a vigoureusement nié toute implication, rejetant les allégations des autorités américaines et britanniques.
La pression internationale sur Chen et ses réseaux ne fait que croître. Les autorités de Hong Kong ont gelé ou saisi des actifs liés au groupe Prince d’une valeur de 354 millions de dollars américains. Singapour a saisi 116 millions de dollars supplémentaires. Maintenant que la Thaïlande rejoint cette action répressive avec ses propres saisies, cela suggère un effort international coordonné contre ces opérations.
Les réseaux auraient utilisé des camps illégaux pour générer des milliards grâce au travail forcé et aux victimes du trafic. Il ne s’agissait pas seulement de mouvements d’argent ou de cas isolés de fraude. Selon les autorités thaïlandaises, il existait une infrastructure organisée conçue pour exploiter des personnes vulnérables tout en canalisant les revenus à travers des circuits de blanchiment d’argent. C’est une différence significative, montrant qu’il s’agissait d’entreprises criminelles systématisées, et non de simples escroqueries improvisées.
Les autorités thaïlandaises décrivent Yim Leak comme le successeur d’un réseau de fraude cambodgien puissant derrière des transactions financières illicites. Les enquêtes thaïlandaises ont révélé d’importantes participations contrôlées par Yim, y compris des actions d’une valeur de 6 milliards de bahts thaïlandais, environ 188 millions de dollars américains, dans Bangchak Corporation, une entreprise énergétique régionale de premier plan. Ces actions ont maintenant été confisquées. Bangchak a répondu en soulignant que l’action concernait un actionnaire individuel et que les opérations de l’entreprise continueraient sans encombre.
Kok An est décrit comme dirigeant un groupe criminel depuis des installations au Cambodge qui aurait utilisé des revenus illicites pour acquérir des actifs en Thaïlande. Ce qui est notable, c’est la manière dont ces opérations étaient géographiquement réparties. Des installations au Cambodge, des actifs à travers la Thaïlande, des réseaux s’étendant aux zones frontalières. L’examen de ces opérations, des installations au Cambodge aux actifs acquis en Thaïlande, montre à quel point la planification était minutieuse.
Alors que les autorités thaïlandaises intensifient leurs efforts, certaines voix soulignent la nécessité d’une coopération régionale renforcée. « Il ne suffit pas d’agir seul, » semble dire un observateur. « La collaboration transfrontalière est essentielle pour démanteler efficacement ces réseaux criminels. » Dans cette optique, la répression thaïlandaise pourrait marquer le début d’une nouvelle ère d’actions concertées contre la cybercriminalité en Asie du Sud-Est. Pourtant, certains sceptiques se demandent si cela suffira à éliminer complètement ces réseaux profondément ancrés.
Malgré toutes les actions prises, le défi persiste. Le réseau est complexe et profondément enraciné, et les intérêts en jeu sont considérables. Les autorités doivent rester vigilantes et persévérer dans leurs efforts pour démanteler ces opérations afin de restaurer la confiance du public et garantir la sécurité dans la région.
